La Rolex Fastnet Race est une des premières épreuves IMOCA de la saison 2023 et va réunir une flotte impressionnante avec 25 monocoques attendus et plusieurs bateaux y feront leur première apparition. A l’occasion de cette 50ème édition de la Rolex Fastnet Race, les IMOCA seront menés en double. Le plateau s’annonce très relevé avec huit bateaux flambants neufs et 12 des 33 concurrents du dernier Vendée Globe.

Yannick Bestaven, vainqueur du Vendée Globe, fera tout pour être au départ de la Rolex Fastnet Race. Photo : Christophe Breschi

Yannick Bestaven est bien sûr très attendu. Victime d’une chute à vélo au printemps, il fera tout pour être au départ de Cowes le 22 juillet à bord de son nouveau Maître CoQ V, un plan Verdier construit à partir des moules de 11th Hour Racing. Depuis sa troisième place au dernier Vendée Globe, Louis Burton a acquis l’ancien plan Manuard L’Occitane en Provence qu’il a rebaptisé Bureau Vallée.

Deuxième du dernier Vendée Globe (premier arrivé, mais relégué à la deuxième place après que Bestaven ait reçu une compensation de temps), Charlie Dalin revient sur la Rolex Fastnet Race après une performance exceptionnelle en 2021. Il a non seulement dominé la compétition IMOCA (dans cette classe très équilibrée, son Apivia a terminé avec six heures d’avance), mais a même longtemps fait jeu égal avec le géant Skorpios, deux fois plus grand et mené par une vingtaine de marins aguerris. « Après les Scilly, le vent est tombé et a tourné un peu à droite, ce qui fait que nous n’avons pas pu foiler davantage – c’est un regret, car sinon nous aurions pu les dépasser, je pense. En mode foil, nous étions plus rapides », se souvient Dalin.

Cette fois, Charlie est de retour avec un nouvel IMOCA, le plan Verdier MACIF, dont la mise à l’eau est prévue en juin. « Nous avons identifié quelques points que nous voulions améliorer, comme la navigation au portant dans une mer modérément forte, et nous avons également optimisé l’ergonomie du bateau grâce à notre expérience de ces quatre dernières années », explique-t-il.

La Rolex Fastnet Race sera la première course du nouveau MACIF. Dalin est un grand fan de cette course : « Ce sera passionnant de commencer par la Fastnet. J’ai hâte de sortir du Solent sur le nouveau bateau avec des centaines d’autres bateaux autour ».

Photo : Yann Riou

La Grande-Bretagne dispose de plusieurs bateaux IMOCA de qualité. Tous les regards seront tournés vers Sam Davies et son nouveau bateau Initiatives Coeur. Lancé l’année dernière, le premier IMOCA construit par Davies est un projet de Sam Manuard, construit à partir des moules de L’Occitane en Provence (voir ci-dessus). Comme toujours, sa campagne, digne et intelligente, utilisera les réseaux sociaux pour collecter des fonds pour Mécénat Chirurgie Cardiaque, une organisation caritative qui effectue des opérations cardiaques pour les enfants du tiers-monde.

La première campagne à deux bateaux de la classe IMOCA a été officiellement lancée il y a quelques semaines. Cette approche gagnante a déjà été utilisée lors de la Coupe de l’America et de l’Ocean Race. Thomas Ruyant et le Britannique Sam Goodchild s’associent dans le cadre de la campagne « For People and Planet », soutenue par leurs sponsors respectifs Advens et Leyton. Tous deux seront sur la ligne de départ en juillet et espèrent franchir la ligne d’arrivée en Normandie. Ruyant skippera For People, un IMOCA flambant neuf conçu par Finot-Conq et Antoine Koch, tandis que Goodchild héritera de l’ancien bateau de Ruyant, LinkedOut, un plan Verdier 2019 construit par Persico. Si LinkedOut a terminé sixième du dernier Vendée Globe, il a connu d’énormes succès depuis en remportant la Transat Jacques Vabre 2021 et la Route du Rhum l’année dernière.

Pour Goodchild, qui vient de la classe Ocean Fifty, la campagne IMOCA a été un travail de longue haleine. « Nous avons pris notre temps ! J’ai toujours voulu bien faire. Je suis heureux de le faire plus tard et mieux », déclare Goodchild, qui a depuis participé à la plupart des grands événements offshore et a remporté le Pro Sailing Tour avec Leyton lors de sa première saison en tant que skipper en 2021.

Thomas Ruyant et Sam Goodchild courent sous les couleurs de "For people and planet". Photo : P. Bouras

Goodchild a participé à la Rolex Fastnet Race à de nombreuses reprises, d’abord sur l’Artemis IMOCA 60 en 2009 et par la suite en Class40, puis sur le MOD70 Phaedo et l’Ultime Sodebo, bien qu’il ne l’ait pas encore remportée. « C’est une belle course, un beau parcours. Retourner dans le Solent est toujours amusant, d’autant plus que je passe maintenant trop de temps en France ! J’aime toujours les grandes courses qui mélangent les pros et les amateurs et où tout le monde est sur le même parcours – c’est très amusant ». La Rolex Fastnet Race sera la première épreuve IMOCA officielle de Goodchild sur son nouveau bateau et il est impatient de terminer à Cherbourg-en-Cotentin. « C’est un grand port avec beaucoup d’espace et beaucoup de courant, il faut être très prudent ! ».

Pendant ce temps, Pip Hare fait monter la pression. Véritable révélation du dernier Vendée Globe, la Britannique prend le départ à bord de son nouvel IMOCA Medallia, avec lequel Armel Le Cléac’h a remporté le Vendée Globe en 2017. Depuis qu’il a terminé 12eme de la Route du Rhum l’an dernier, Medallia a subi une intervention majeure avec notamment une modification de l’étrave et l’installation de nouveaux foils Verdier qui sont deux fois plus grands que les anciens. Il faudra également surveiller James Harayda sur Gentoo, l’ancien Hugo Boss du millésime 2007. A 25 ans, Harayda sera le plus jeune skipper de la classe IMOCA mais il a déjà montré son potentiel en terminant 14eme sur 34 à la Route du Rhum l’année dernière.

Pip Hare's Medallia was formerly Armel le Cléac'h’s 2016-17 Vendée Globe winner © Mark Lloyd

Parmi les autres poids lourds français en lice en juillet, on trouve Jérémie Beyou et son nouveau bateau de dernière génération, Charal 2, conçu par Sam Manuard. Beyou a remporté la Fastnet en classe IMOCA en 2019 et a terminé deuxième en 2021. À bord de son nouveau bateau, il a terminé troisième de la Route du Rhum l’année dernière. Le dernier Paprec Arkéa de Yoann Richomme a été mis à l’eau en février. Comme le For People de Ruyant, il s’agit d’un nouveau design de Finot-Conq et Antoine Koch. À eux deux, Richomme et Beyou ont remporté cinq Solitaires du Figaro – Beyou en 2005/11/14, Richomme plus récemment en 2016 et 2019.

Yoann Richomme's Paprec Arkéa was launched in February © Polaryse/Paprec Arkea

Maxime Sorel a terminé le dernier Vendée Globe à la 10ème place mais a mis à l’eau son nouveau bateau l’année dernière. Son V et B – Monbana- Mayenne est un plan Verdier, construit à partir des moules d’Apivia mais avec un nouveau design d’étrave et des foils de dernière génération. A bord de ce bateau, Sorel a terminé cinquième de la Route du Rhum l’année dernière. Éric Bellion, premier bizuth du Vendée Globe 2016, aligne également un bateau de 2023. Le nouveau Commeunseulhomme, construit par Persico et propulsé par Altavia, est l’œuvre de David Raison, le célèbre designer de Mini.

Si les équipes françaises sont toujours majoritaires dans la classe IMOCA, la représentation internationale reste forte. Outre les concurrents britanniques, le Japonais Kojiro Shiraishi revient avec DMG Mori Global One, un plan VPLP 2019 à bord duquel il a terminé 16eme du dernier Vendée Globe. Le Canadien Scott Shawyer espère également franchir la ligne d’arrivée dans le Cotentin à bord de Canada Ocean Racing, le plan Owen Clarke de 2011 (à l’origine d’Acciona), tandis que le Hongrois Szabolcs Weöres sera à bord de Szabi Racing, l’ancien Aviva de Dee Caffari. Le Belge Denis van Weynbergh court sur l’un des rares IMOCA construits en Hongrie, à l’origine le Spirit of Hungary de Nandor Fa, aujourd’hui appelé D’Ieteren Group. L’Allemagne et la France seront représentées par Isabelle Joschke à bord de MACSF, le VPLP-Verdier 2007 ex-Safran.

 

La Suisse compte actuellement deux concurrents sur la Rolex Fastnet Race-destination Cherbourg-en-Cotentin. Alan Roura, le plus jeune concurrent du Vendée Globe a terminé 12e de la course 2016-17 à seulement 23 ans. Roura, qui en est à sa troisième tentative, navigue à bord d’un bateau compétitif, le dernier Hugo Boss d’Alex Thomson. Justine Mettraux, l’une des quatre femmes engagées, est en train de devenir l’une des skippers au large les plus accomplies de son pays. Elle a terminé deuxième de la Mini Transat et a participé à trois Ocean Race, gagnant avec Dongfeng Race Team et actuellement avec 11th Hour Racing. Elle fait campagne sur le plan VPLP 2018 Teamwork, qui était le précédent Charal de Jérémie Beyou.

Justine Mettraux, © Jean-Marie Liot

Romain Attanasio dispose d’un nouveau Fortinet-Best Western, à l’origine l’Edmond de Rothschild de Seb Josse, qui, sous une forme très modifiée, a terminé cinquième du dernier Vendée Globe en tant que Seaexplorer-Yacht Club de Monaco de Boris Herrmann. Le Monnoyeur Duo For A Job de Benjamin Ferre était à l’origine le MACIF de François Gabart, qui a non seulement remporté le Vendée Globe 2012-13 mais aussi la Rolex Fastnet Race 2013, avant d’être mené par Clarisse Crémer sous le nom de Banque Populaire à la 12e place et à la première place féminine lors du dernier Vendée Globe. Clarisse Cremer doit d’ailleurs participer sous les couleurs de l’Occitane, son nouveau sponsor.

Pendant ce temps, trois autres personnes courent sur des bateaux vintages du Vendée Globe 2008-09. Le navigateur professionnel Sébastien Marsset sur Foussier-Mon Courtier Energie, vainqueur de la Volvo Ocean Race avec Groupama et 11ème du dernier Vendée Globe. Freelance.com est skippé par Guirec Soudée, un aventurier qui a déjà passé cinq ans autour du monde à la voile, le plus jeune marin à traverser le passage du Nord-Ouest et a traversé l’Atlantique à la rame d’Ouest en Est et d’Est en Ouest. Manuel Cousin, du Groupe Setin, un ancien navigateur de Class40 est passé à la classe IMOCA en 2017 et a terminé 23eme du dernier Vendée Globe.

Le niveau de compétition et le calibre de la flotte IMOCA sont tels que la moitié de la flotte est susceptible de gagner, ce sera spectaculaire !

La 50eme édition de la Rolex Fastnet Race partira de Cowes, sur l’île de Wight, le samedi 22 juillet et arrivera à Cherbourg-en-Cotentin pour une semaine de festivités.  Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site web de la Rolex Fastnet Race.