Le DisneyMagic

Une ville est toujours le fruit de multiples histoires. Mais s’il en est une ici qui donne plus que tout autre son âme à Cherbourg, c’est sans conteste l’épopée transatlantique !

Pourquoi d’abord cette épopée technologique et humaine s’est-elle précisément jouée ici ? « Incontestablement grâce à la rade », explique Gérard Destrais, le spécialiste de la question. Cette rade, accessible par tous les temps et permettant d’effectuer des escales très rapides, séduit très vite les compagnies maritimes les plus prestigieuses.

Étrangement pourtant, plus que la France, c’est l’Allemagne qui va faire entrer Cherbourg au panthéon des grands ports européens. Avant le grand saut vers l’Atlantique et les Etats-Unis, les bateaux allemands font étape ici, bientôt imités par leurs homologues britanniques qui filent plutôt vers l’Espagne puis l’Amérique du Sud.

Cherbourg devient très vite un port d’escales de tout premier plan. On y embarque et on y débarque de plus en plus massivement, tandis que tout est organisé pour que ces arrêts soient les plus efficaces, autrement dit, les plus courts et rentables possibles. C’est ainsi que dès le début du 20e siècle, on amène ici le chemin de fer qui va permettre en un minimum de temps d’acheminer passagers et courrier vers Paris.

Mais le développement est tel que les infrastructures en place se révèlent évidemment insuffisantes. C’est alors que naît l’idée de construire une gare maritime digne de ce nom ! Elle voit le jour en 1912, dotée notamment d’une sublime salle d’attente où s’installent des magasins de prestige, réservés aux premières classes. Dans le même temps, trois nouvelles voies ferrées sont aménagées. Cherbourg va alors connaître un développement vertigineux, jusqu’à devenir en 1914, le 3e port français, après Marseille et Le Havre. Il arrive certains jours que transitent ici jusqu’à 1 500 passagers et 600 000 sacs postaux !

La seule escale du Titanic en France!

Dès qu’un paquebot fait escale, la gare se transforme en une fourmilière en effervescence ! A l’époque, les navires restent en rade tandis que plusieurs transbordeurs effectuent sans relâche des navettes pour embarquer ou débarquer les passagers. Parmi ces invraisemblables escales, il en est une qui va évidemment marquer l’histoire, le 10 avril 1912… Quatre jours avant son naufrage, 281 passagers embarquent ici à bord du Titanic ! Certains ont quitté Paris en train le matin même peu avant 10h. A 15h30, ils entrent en gare maritime à Cherbourg. A peine trois heures plus tard, ils posent un pied à bord du Titanic. Enfin, à 20h10, le paquebot quitte la rade en direction de l’Irlande… puis du terrible drame que l’on sait.

A plus grande échelle, le destin du monde va lui aussi bientôt basculer avec le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Le trafic de la gare maritime va subitement s’éteindre.Mais l’attente n’a jamais été démentie. Dès le lendemain de la guerre, la vie reprend et en quelques mois, le trafic transatlantique redécolle aussi rapidement qu’il s’était tari. Les escales se multiplient à nouveau de manière exponentielle. Les besoins liés à la reconstruction du pays sont colossaux. Dans le même temps déjà, les grandes compagnies américaines et britanniques reviennent à Cherbourg, tandis qu’un autre phénomène connaît une véritable explosion : l’émigration vers les Etats-Unis.

C’est là que le centre névralgique de ce trafic va connaître son développement le plus spectaculaire. Commencent en effet la construction de la darse et, en 1928, celle de l’actuelle gare maritime. Le chantier est absolument hors-norme : 12 000 m2 au sol pour un bâtiment de 280 mètres, surmonté d’un campanile culminant à 70 mètres de hauteur ! A ses pieds, le quai de France va devenir l’un des plus modernes au monde, doté de neuf portiques mobiles avec des passerelles qui permettent de débarquer les passagers directement dans la gare.

Près de 1 000 escales par an !

En 1929, le port bat tous les records, en enregistrant 985 escales et 300 000 passagers ! Cette année-là, au cours de la seule journée du 30 mai, huit paquebots sont simultanément au mouillage dans la rade, dont le prestigieux Majestic.

Mais ce fol emballement est de courte durée… La même année hélas, les Etats-Unis sont frappés par la crise économique qui freine brutalement le flux des émigrants. Dès lors, le trafic, qui n’atteindra plus jamais ces niveaux-là, va peu à peu évoluer, jusqu’à devenir presque exclusivement touristique. C’est notamment l’âge d’or des fameux Queen Mary et Queen Elizabeth.

Cependant l’aviation trouve petit à petit les moyens d’une démocratisation qui va définitivement condamner le trafic massif des paquebots transatlantiques. La nouvelle page qui s’ouvre est celle des croisières modernes, teintées souvent de la belle époque passée. Celle du temps où ces paquebots, pour les premières comme pour les troisièmes classes, étaient les seules passerelles possibles entre tous les mondes.

Depuis 2007, date correspondant à la création du Club Croisière de Cherbourg, le port se positionne comme une destination incontournable dans le secteur en pleine expansion de la croisière. Ce sont environ 50 escales accueillies par an La taille des paquebots étant de plus en plus importante, le nombre de passagers est passé de 6 637 en 2007 à plus de 70 000 en 2019.

Cherbourg, terre d’escale

Cherbourg, terre d’escale

La Gare Maritime Transatlantique